C’était le 29 mai 1953. Edmund Hillary et Tensing Norgay écrivaient une page importante dans l’histoire de la découverte de notre planète. Ils atteignirent le sommet de la plus haute montagne sur Terre, l’Everest, à 8 850m ou 29 035 pieds…

Cet apiculteur Néo-Zélandais et le sherpa de Darjeeling ne se doutaient pas que le monde entier allait s’intéresser à leur exploit. Ils ont parcouru le monde pour raconter leur ascension victorieuse de Chomolungma (nom tibétain), Sagarmatha (nom népalais), Everest (en l’honneur de Sir Georges Everest (1790-1866). Le Toit du Monde s’appelait, jusqu’en 1865, «Peak XV».

Étant membre d’une expédition anglaise dirigée par John Hunt, Hillary a offert sa réussite au couronnement de la nouvelle reine, Elizabeth II, et il fut honoré du titre prestigieux de Sir.

Hillary a toujours été très près du peuple sherpa. Il leur a sans cesse accordé une grande part de son exploit. Intéressé à mieux les connaître, dévoué à les aider, il a également mis sur pied avec son ami canadien Zeke O’Connor, la Sir Edmund Hillary Foundation dont le siège social est à Toronto. Les fonds recueillis sont utilisés pour la construction d’écoles, d’hôpitaux, de pistes d’atterrissage… dans la vallée du Khumbu. Cette vallée sillonne la chaîne de l’Himalaya jusqu’au pied de l’Everest. Les sherpas ont pour la plupart un quotidien très difficile. Plusieurs villages n’ont ni eau courant, ni électricité mais ils ont, devant la porte de leur maison, les plus belles montagnes au monde, l’Himalaya.

Sir Edmund Hillary est décédé le 11 janvier 2008, chez lui, en Nouvelle-Zélande.

 

Sir Hillary et Bernard

Nathalie et Bernard ont eu le privilège d’une rencontre privée avec Sir Edmund et Lady June en décembre 2002 chez lui, en Nouvelle-Zélande. Cette heure partagée avec eux fut un moment mémorable et c’est à cette occasion qu’il les invita à sa réception privée du 29 mai 2003, jour exact de l’anniversaire de son exploit. À cette occasion il préfaça la version anglaise du livre ANIU Du flocon de neige à l’iceberg.

« Dear Bernard,

Your love for the ice and the mountains is amazingly similar to my own. As a youngster I spent most of my time reading and dreaming about adventure.

I was 15 years old before I snow but it transformed my life. I learnt a deep love for the mountains – a love I have never forgotten.

You too Bernard have deeply learned to enjoy and love the ice and snow as your book clearly shows. You have lost your heart to the ice and will never forget it.

Ed Hillary« 

Par ailleurs, lors d’un gala tenu à Toronto le 6 novembre 2003, au profit de sa fondation canadienne, Sir Edmund Hillary a personnellement honoré Bernard pour l’ensemble de ses exploits en lui offrant une plaque commémorative.

Un grand moment d’émotions de recevoir de cette légende vivante un tel honneur.

 

1953 – 2003 : 50ÈME ANNIVERSAIRE DE L’ASCENSION DE L’EVEREST

2003 marque donc le cinquantième anniversaire de la conquête du Toit du Monde. Tensing Norgay est décédé en 1986. Quant à Hillary, jusqu’à son décès, il retourna chaque année au Népal. Afin de célébrer ce «Christophe Colomb des temps modernes», le Népal et le peuple sherpa ont mis sur pied un événement grandiose, le «Golden Jubilee».

En présence bien sûr de Sir Edmund Hillary et de son épouse, Lady June, plusieurs activités ont animé la capitale, Kathmandu. Parades, musique et chants traditionnels, réceptions, inaugurations, expositions philatéliques, réunions, congrès… Des alpinistes du monde entier se sont retrouvés au pied de l’Himalaya pour entourer le Grand Edmund Hillary.

L’occasion se prêtait à merveille pour réunir un grand nombre d’alpinistes ayant réussi l’ascension de l’Everest. Appelés «summiters», ils ont créé une association et se sont prêtés à une fructueuse réflexion sur la montagne et plus particulièrement, sur les conditions d’ascension de la plus haute montagne du monde.

Il fallait voir et entendre ces summiters ensemble, échanger souvenirs, anecdotes et prochains défis. Peu importe leur langue, leur religion, leur origine, leur race, tous se sont tenus debout, là-haut, au sommet des sommets. Une médaille fut remise par le premier ministre népalais à tous les summiters de l’Everest présents aux célébrations.

Plusieurs grands noms de l’alpinisme se sont donné rendez-vous aux côtés de Hillary. Citons seulement Reinhold Messner, le premier à réussir l’ascension des 14 montagnes de plus de 8 000m d’altitude, Junko Tabei, cette surprenante japonaise, 1ère femme au sommet de l’Everest (1975). Peter Habeler avec ses 40 expéditions himalayennes ainsi que l’infatigable polonaise Anna Czerwinska avec ses nombreuses ascensions en très haute altitude et ayant réussi l’Everest à l’âge de 50 ans.

Sans oublier, bien sûr, des dizaines de sherpas alpinistes qui ont su, au cours des ans, gravir l’Everest plusieurs fois. Des records tout à fait incroyables ! Apa sherpa et ses 13 réussites, Lhakpa Gela sherpa et son ascension la plus rapide qui soit, en 10 heures 56 minutes ainsi que Migma sherpa, qui partageait le sommet de l’Everest avec moi, le 5 mai 1999. Ils sont parmi les plus grands alpinistes et surtout, leurs sourires éclairent la haute montagne.

Quelques alpinistes et surtout 400 sherpas lui ont démontré leur joie d’être près de lui. Il était manifestement très heureux d’assister à un spectacle, tout en simplicité, réalisé par les sherpas venus spécialement de leurs villages d’altitude pour danser et chanter.

Durant 3 jours, sans arrêt, Hillary était là, près des gens qui lui redisaient toute leur admiration. Marchant lentement, à l’aide d’une canne, il s’est penché des milliers de fois, les mains jointes pour recevoir les foulards de soie et dire «Namaste». Son regard perçant, sa mémoire sans faille, sa prestance… il ressemble à la haute montagne qu’il a escaladée, il est fort comme elle et toujours vivant.

Les médias du monde entier ont suivi l’événement. Innombrables sont les reportages relatant cette unique ascension. Images, photos, témoignages ont ravivé notre mémoire. Et dire que les plus grandes sources d’information concernant les statistiques de l’Everest sont écrites à la main, sur des petites fiches, rédigées par une seule personne, Miss Elizabeth Hawley. Cette américaine, native de Chicago, demeure à Kathmandu depuis plusieurs décennies. Elle porte une attention toute particulière à ceux et celles qui s’aventurent vers le Toit du Monde. Origines, dates de naissance, expéditions antérieures, itinéraires empruntés, altitudes exactes des campements, conditions de réussite… Elle rencontre tous les alpinistes de l’Everest, sans exception. Elle est devenue, au cours des ans, l’unique référence, même auprès des autorités gouvernementales népalaises. Vive et charmante, elle est le lien privilégié de Sir Edmund Hillary au Népal.