Le plus haut sommet de l’Antarctique est le Mont Vinson, situé dans le massif Sentinel au cœur de la chaîne de montagnes Ellsworth, à la base de la péninsule Antarctique. Le massif Sentinel s’étend sur plus de 130km, avec ses sommets qui émergent de la plus grande calotte glaciaire du monde, encore plus vaste que l’Amérique du Nord. L’élégante symétrie pyramidale striée de rocs métamorphiques traversée par des corridors de glace, s’élève en hauteur vers le cœur du massif ayant comme point culminant le Mont Vinson. Son sommet, situé à 1 190km du pôle Sud offre un panorama à couper le souffle des Monts Shinn et Gardner. La plus récente mesure du Mont Vinson est 4 897m d’altitude, c’est-à-dire 52m de plus que son voisin le Mont Tyree.

Arêtes, faces et sommets

S'élevant au-dessus du glacier de Nimitz, le Mont Vinson présente des arêtes noires et striées ainsi que de larges faces glacées que l'on rencontre jusqu'à une altitude de 3 000m. On y retrouve un large plateau de glace et de neige érodés par les vents, d'où s'érigent le Mont Vinson et le massif de sommets moins élevés. L'ascension se fait par la face ouest, endroit où le Glacier Branscomb offre la route la plus directe vers le sommet. Ce glacier descend abruptement du col Vinson-Shinn dans un amphithéâtre glaciaire avant de prendre la direction sud vers le camp de base situé 5km plus loin.

 

L’équipement

La progression s'effectue souvent en cordée. Les alpinistes sont reliés l'un à l'autre par une corde d'escalade très résistante. Distancés l'un de l'autre de quelques mètres, cela procure aux alpinistes une sécurité en cas de chute dans une crevasse ou sur une arête très fine. Cette corde est fixée au harnais ( baudrier) par un mousqueton, pièce métallique ultra résistante aux chocs et à la tension. Afin d'augmenter leur sécurité, les alpinistes sont chaussés de crampons métalliques assurant une excellente prise lors de marches sur glaciers et d'ascensions de parois verticales glacées. Un piolet est également utilisé comme ancrage, bâton de marche, outil pour tailler la glace et de sécurité en cas de glissade. Tout le matériel d'alpinisme, vêtements, tentes, sacs de couchage, nourriture, réchaud, essence, appareils ( photo - vidéo - walkie-talkie - téléphone satellite - boussole - GPS - anémomètre...), lunette d'approche, cartes, trousse de premier soins, carnet de note... doivent trouver une place dans son sac à dos. Le choix d'une telle autonomie est imposé par l'isolement et l'itinéraire choisi : immenses glaciers, pentes abruptes, froid, altitude et solitude.

Les dizaines de kilos de matériel constituent un défi technologique. Chaque pièce de matériel, chaque ration de nourriture, chaque vêtement est rigoureusement pesé et mesuré en volume. La légèreté est une des clefs du succès de l'expédition puisqu'il faut parcourir des milliers de mètres de dénivelé dans des conditions de froid et de tempête.

 

Le quotidien

Bernard et Nathalie progressent sur la montagne plusieurs heures par jour. Pour chacun d'eux, l'expédition exige une grande consommation de calories. La nourriture emportée répond à plusieurs exigences: niveau calorique suffisant, répartition adéquate en glucides, lipides et protides tenant compte de l'effort fourni, faible poids et enfin, rapidité de préparation. En définitive, il s'agit d'atteindre un maximum d'efficacité. Toutefois, l'appétit diminue considérablement en haute altitude et la nourriture doit être adaptée afin de réduire l'apport lipidique.

Souvent, le froid interdit tout arrêt. Des fruits secs et un mélange de noix constituent les vivres durant l'ascension. De courtes pauses sont toutefois nécessaires pour boire, faire le point sur la carte et se reposer. Les repas du soir et du matin sont chauds grâce à l'utilisation de petits réchauds à essence. Toute l'eau indispensable à la cuisine provient de la neige. Les menus sont variés, légers par déshydratation ou lyophilisation.

Montée en moins de cinq minutes, la tente devient à la fois le refuge, le salon, le lit et certainement le lieu où naissent les prochains projets d'aventure. Se laver avec la neige devient une habitude. Marcher et escalader, font partie du quotidien mais aussi regarder et écouter pour mieux comprendre cet environnement. Chaque jour, un journal est enregistré sur bandes magnétiques, sur photo et sur vidéo afin de rapporter des images de ce monde irréel, au-delà des frontières.