Deux Québécois, Bernard Voyer et Thierry Petry, ont atteint le pôle Sud à skis et en totale autonomie. L‘Antarctique est le plus grand désert de glace de notre planète : 1 500km de vent, de froid, un réel exploit. Il y a en effet moins d’humains ayant rejoint le pôle Sud en totale autonomie que d’astronautes ayant marché sur la Lune.
Situé sur le glacier Union, Patriot Hills est le camp de base de toutes les expéditions, tant pour l’ascension du mont Vinson que pour les aventures à ski-pulka.
La chaîne de montagnes Ellsworth est à proximité du campement. C’est là sur une piste naturelle que l’avion Hercules s’est posé et de là que le Twin Otter a décollé en direction du point de départ de l’expédition, l’île Berkner.
Les premières foulées sur le continent blanc. Les effets météorologiques dus à la proximité de l’océan Austral provoquent d’épais brouillards qui rendent l’orientation extrêmement difficile. Chacun des traîneaux est chargé de 170kg de choses légères!!!
Les vents catabatiques, fréquents et très puissants, polissent à l’occasion de grande surfaces glacées. Au pied des monts Pensacola, il devenait très difficile de progresser sur cette glace vive. Les pulkas déviaient et glissaient latéralement, refusaient de rester derrière nous. Plusieurs heures sont nécessaires pour franchir ce genre d’obstacles. Nous devons être précis dans notre orientation.
Notre itinéraire prévoit l’ascension du glacier crevassé de Frost Spur qui nous conduira sur le plateau Antarctique, quelques centaines de mètres plus haut.
L'immensité, la solitude, l’éloignement, la distance, le froid, le vent, le blizzard, la glace, l’effort, la peur et le défi, sont notre quotidien.
La neige, soufflée par des vents violents, forme des espèces de vagues glacées appelées sastrugis. Ils deviennent de véritables barrières atteignant quelquefois 1,5 mètres de hauteur. Durs comme du roc, impossible à éviter, ils s’étendent sur presque l’ensemble de l’Antarctique.
À la fois pour tirer vers le haut le traîneau sur la crête du sastrugis, mais aussi pour retenir sa descente, chacun des stratugis exige un effort considérable. Il en résulte une grande fatigue musculaire et une usure articulaire. Les traîneaux doivent être d’une excellente fabrication pour résister à de tels chocs sur 1 500km ; les hommes aussi...
Le vent glacial et continu fragilise tout. Thierry est affecté par quelques profondes engelures au visage. Il a dû fournir un effort considérable pour résister et continuer jusqu’au bout, jusqu’au pôle.
Pôle Sud géographique. 12 janvier 1996. 10h47 heure du Québec.
Nous touchons enfin le pôle après 1 500km à skis. Entouré des drapeaux des pays signataires du traité de l’Antarctique, cet endroit est le plus loin qui soit sur Terre.
Nathalie, accompagnée d’amis et d'un cameraman, est venue nous récupérer 6 jours après notre arrivée au bout de notre rêve.
La station américaine Scott-Amundsen est située au pôle Sud. Ce dôme fut dessiné par Fuller, le même architecte de la biosphère de Montréal. Il abrite plusieurs bâtiments les protégeant ainsi des blizzards destructeurs. Depuis, une nouvelle station fut construite et le dôme est toujours sur place.
Des recherches scientifiques y sont menées, en glaciologie, astronomie, géologie, physique, météorologie, sismologie, etc.